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Ronald Colman, Un Anglais à Hollywood (I)

En France, on ne se souvient de lui que grâce à deux film: Lost Horizon (Horizons perdus, 1937) de Frank Capra et A Tale of Two Cities (La Marquis de Saint Evremond, 1935) de Jack Conway. Ce sont, certes, deux de ses rôles les plus importants: Robert Conway, le diplomate anglais utopiste et Sidney Carton, l'avocat alcoolique cynique et désabusé de Dickens. Mais, il y a bien d'autres facettes à découvrir chez Ronald Colman et peut-être, le public est-il maintenant mûr pour cette renaissance. Il personnifiait un type de gentleman anglais distingué, sans prétention ou arrogance, toujours avec un humour léger et délicat. Il n'y a aucune trace de cabotinage dans son jeu, toujours limpide, dénué de toute emphase. Même confronté à des cabots de haut vol tels que Basil Rathbone, Reginald Owen ou Vincent Price, il élève à peine la voix, mais rend du tac au tac chaque réplique avec un sens du rythme superbe. Il est aussi à l'aise dans la comédie que dans le drame, apportant une certaine mélancholie à ses personnages comiques et une touche d'humour dans les drames les plus noirs.

Comment un tel acteur peut-il être aussi oublié de nos jours? Cette méconnaissance du public à son égard est dû à de nombreux facteurs, le principal étant la difficulté d'accès des ses films (muets ou parlants). Et, bien qu'il fut dirigé par des metteurs en scène du calibre de Henry King, Ernst Lubitsch, John Ford, King Vidor, William A. Wellmann, George Cukor ou Joseph L. Mankiewicz, il n'apparaît que dans des oeuvres considérées (souvent à tord) comme mineures et donc peu visibles de ces cinéastes. Le public français a pu récemment apprécier son talent pour la comédie lors de la sortie de The Late George Apley (Un Mariage à Boston, 1947) de Mankiewicz au mois de juillet 2004. Il trace un portrait délicieusement guindé du patriarche Bostonien englué dans ses certitudes, mais cependant, il lui donne une sensibilité et une humanité alors qu'un acteur médiocre l'aurait tiré vers la caricature.

Le portrait présenté ici sera basé uniquement sur les films que j'ai pu voir: 8 films muets et 26 films parlants. La période muette de sa carrière est la moins bien connue. De ses 8 premiers films en Grande-Bretagne, seul un a survécu, en partie seulement: The Toilers (1919) qui est une adaptation des Travailleurs de la Mer de Victor Hugo. Quant aux films muets américains, seuls 13 sur les 21 qu'il tourna sont parvenus jusqu'à nous. La période parlante se compose de 27 films de 1929 à 1957. Par rapport à d'autres stars de l'époque, il a fait un petit nombre de films (56 en quarante ans) pour deux raisons principales. Son producteur, de 1924 à 1933, sera l'indépendant Samuel Goldwyn qui produit peu de films chaque année et lorsqu'il devient un acteur free-lance à partir de 1936, il ne tourne que les films qui l'intéressent, préférant la qualité à la quantité. En marge du cinéma, il travaille assidûment à la radio et enregistre des disques tels que l'intégrale des sonnets de Shakespeare ou une adaptation du Christmas Carol de Dickens.

Ronald Charles Colman est né le 9 février 1891 à Richmond à deux pas de Kew Gardens, dans la banlieue sud-ouest de Londres. Il est le fils d'un importateur de soierie et d'une écossaise. Il appartient à la bourgeoisie middle-class cultivée. C'est un enfant timide qui est proche de sa soeur cadette au sein d'une fratrie de cinq frères et soeurs. La mort subite de son père, lorsqu'il a seize ans met un point final à ses études et à son rêve de Cambridge. La petite compagnie de soierie a fait faillite et il doit immédiatement trouver un emploi. Il devient employé aux écritures, puis aide-comptable dans une compagnie maritime. En contrepoint de la monotonie de son travail, il recherche un épanouissement dans le théâtre amateur. La première guerre mondiale va à nouveau modifier son parcours. Il fait parti des premiers régiments écossais (étant écossais par sa mère) envoyé au front en 1914. Gravement blessé à la jambe lors d'une bataille dans les Flandres belges le 31 octobre 1914, il est évacué et démobilisé. Il est intéressant de noter qu'il ne cherchera jamais à s'attribuer la moindre gloire de son expérience de la guerre. Au contraire, il minimise sa blessure en disant qu'il aurait pu se la faire en sautant d'un bus près de la gare de Charing Cross. La guerre va néanmoins lui laisser nombre de souvenirs traumatisants et modifier profondément sa conception de la vie. Les images qu'il en conserve montre un observateur attentif et sensible. "Je me souviens d'un gamin de 17 ans qui devait participer à sa première offensive à l'aube. Il était terriblement ethousiasmé à cette idée, excité. Le soleil éclaira son visage comme nous avancions et sembla y mettre un sourire. Peut-être souriait-il vraiment, je n'en suis pas sûr. Nous arrivâmes au sommet d'un colline et toute la plaine des Flandres s'étendait devant nous. Soudain, il y eut une explosion et vint l'ordre de se coucher à plat ventre. En une minute, nous fûmes à terre; le gamin ne s'est jamais relevé. Il a été tué lors de sa toute première expérience de la guerre. Son sourire avait disparu. La futilité de tout cela reste pour moi mon souvenir de la guerre." Le retour à la vie civile est d'abord difficile. Il ne veut pas retourner à son morne emploi de bureau et opte pour la profession théâtrale. Il n'est qu'un amateur sans expérience; mais, il déniche rapidement quelques petits rôles dans des productions du West End londonien.
La suite, bientôt!

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